Trouver l’amour dans le carême

Plusieurs propositions seront bientôt faites à nos élèves pour vivre le temps du carême dans le partage et l’amour.

L’amour dans le carême, c’est justement le thème de cet article, car j’ai d’abord été perdue en commençant à me documenter sur le sujet. En effet, grâce à mes lectures, j’avais compris où il se situait dans l’année, qu’il commençait par le mercredi des cendres (pour nous rappeler que nous retournerons à la terre, le 26 février cette année) et se terminait par le jeudi saint (quand Jésus fait son dernier repas, le 9 avril cette année). J’avais retenu qu’il durait 40 jours, en référence aux 40 jours de Jésus dans le désert et qu’on ne jeûnait pas le dimanche. Voilà pour le côté technique. Mais je ne comprenais pas comment des privations longues de 40 jours pouvaient nous rapprocher de Dieu, qui est amour. Il me semblait pourtant que c’était le but du carême.

Alors cet article a pris une tournure un peu différente de celle que j’avais prévue. Je me suis rendue compte que je ne pouvais pas vous parler de quelque chose que je n’avais jamais fait et qui ne faisait pas encore sens pour moi. Mais je pouvais vous raconter trois rencontres qui m’ont fait voir le carême autrement qu’un long régime sans chocolat.

C’est donc la proposition que j’ai faite à l’équipe pastorale et à Odile et que je vous fais aujourd’hui. Nous y avons rajouté des idées pour le vivre en famille et l’explication des rendez-vous de notre école. Il a pour grande mission de commencer à répondre à cette question : comment trouver l’amour dans le carême ?

J. : revenir à l’essentiel et partager.

Mon chemin commence dans la salle de classe de J., un soir où elle me parle de son travail, avec une passion et un regard qui une fois encore, me font rencontrer l’espoir d’une humanité qui prend soin de ses enfants. C’est naturellement que je me suis tournée vers elle pour comprendre comment trouver l’amour dans le carême.

Elle m’a raconté que le jeûne était un retour à l’essentiel. Le temps du carême se déroule en effet en hiver où la nature vit au ralenti. Notre société nous permet aujourd’hui d’acheter n’importe quel fruit en toute saison et de répondre à nos besoins de consommation de façon immédiate et illimitée. Le carême nous offre l’occasion de prendre le temps de réfléchir à la nécessité de ce dont nous avons vraiment besoin afin de nous dépouiller de notre superflu, qui nous encombre bien souvent. Il nous permet d’accepter la vie comme elle nous a été offerte : en toute simplicité.

Elle a ensuite fait germer en moi l’idée qu’on ne se prive pas pour soi mais pour le partager aux autres ou à Dieu. Nos petits efforts pour se libérer du superflu peuvent alors se transformer en dons et donc en amour (j’ai mieux compris cette idée par les exemples qu’elle m’a donnés et que vous trouverez plus loin).

B. : faire de petites choses avec le plus d’amour possible.

Je rencontre B., une maman de l’école, deux jours plus tard. Elle est pressée, un manteau rouge sur le dos et les yeux au maquillage impeccable. Elle a l’air fatiguée et pourtant elle sourit.

Elle sourit quand elle me croise sur le parking, elle trouve le temps de me prendre dans ses bras et de me glisser que je suis le rayon de soleil de sa matinée. Je vérifie dans la vitre de ma voiture. Je ne suis pas encore maquillée, à peine coiffée, pas encore caféinée mais à travers ses yeux tout à coup, je me sens un peu comme ce rayon de soleil qu’elle semble voir.

Elle sourit encore dans les escaliers, aide à porter un cartable, à remettre un bonnet. Elle sourit quand elle dit au revoir à ses enfants. Elle les embrasse, les prend tour à tour dans ses bras, leur dit qu’elle les aime et prend le temps de les regarder avec toute la bienveillance de la terre, comme si elle voulait graver leurs petits visages dans son cœur en partant travailler. Pourtant je sais qu’elle est déjà en retard.

Elle trouve encore le temps d’aller voir la personne qui surveille la garderie, de lui sourire et de lui souhaiter de passer une belle journée.

Elle me rejoint dehors, elle court presque, sa vie court devant elle mais elle me rattrape pour me souhaiter aussi une belle journée, elle prend encore le temps de me regarder, d’établir un contact sincère.

Je lui dis qu’il faudrait qu’on se voit pour qu’elle me parle du carême, elle dont la foi m’inspire. Elle me répond « oh tu sais pour moi, c’est simplement se rapprocher du cœur de Jésus ».

Je n’ai pas eu besoin que B. m’en dise plus. Je l’avais déjà vu ce matin-là dans chacun de ses gestes : faire de petites choses avec le plus d’amour possible.

S. : faire de la place à Dieu.

S. est ma voisine. Celle qui m’invite à boire un café pour se voir 5 minutes, qui me prépare des roulés au fromage quand je pars en vacances et qui frappe à ma porte pour me partager un gâteau qu’elle vient de faire. Elle incarne pour moi l’amour dans l’ordinaire.

Elle est orthodoxe. Pendant le carême, les orthodoxes sont invités à ne manger aucun produit animal pendant 40 jours (pas d’œufs, de lait, de crème ni de viande). En discutant avec elle lors d’un de nos cafés matinaux, je lui demande comment selon elle, toutes ces privations que je trouvais si rudes, pouvaient nous rapprocher de l’amour de Dieu ?

Elle m’a alors dit qu’enlever des choses de son assiette ou de son agenda c’était du temps gagné. Dépouillés de nos richesses extérieures qui nous comblent d’habitude, nous pourrions prendre le temps de découvrir notre intériorité et alors peut être que nous constaterions un vide en nous.

Un vide que nos vies pressées, nos repas copieux, nos téléphones connectés et nos séries à la demande auront peut-être réussi à cacher. Mais ce vide est en chacun de nous et s’il est difficile à accepter dans un premier temps, il cache en lui un trésor : il nous rend capable de Dieu. Le temps du carême, nos efforts de prières, nos efforts pour nous rapprocher de son cœur, nos efforts pour revenir à l’essentiel sont autant d’occasions de laisser la place à ce vide et ainsi à Dieu de venir le combler.

Alors, nous pourrions vivre ce dont parlent les personnes plus spirituelles que nous : que nous avons autant besoin d’une autre sorte de nourriture pour vivre, être heureux et avoir de l’énergie : l’amour de Dieu.

Mettre en pratique ces idées dans nos familles :

J. m’a donné plusieurs petites idées toutes simples pour mettre en pratique ces idées en famille:

La première est que si votre famille fait un effort par exemple, pour ne pas manger quelque chose, vous pourriez fabriquer une petite boîte et y mettre l’argent que vous auriez dépensé pour cela normalement à l’intérieur. À la fin du carême, vous pourriez reverser cette somme avec vos enfants à une personne dans le besoin ou à une association.

La deuxième idée est de symboliser les efforts de votre famille par des fleurs en papier : à la fin de la journée, chacun pourrait dire les efforts qu’il a fait pour approcher plus son cœur de Dieu ou des autres et ils seraient symbolisés chacun par une fleur. À la fin du carême, vous pourriez alors acheter autant de vraies fleurs que vous auriez récoltées de fleurs en papier et ainsi les offrir à Jésus pour l’offertoire de Pâques ou à une personne hospitalisée ou dans le besoin.

La troisième idée est de dessiner sur une feuille de papier un arc en ciel avec 6 arcs, symbolisant les 6 semaines du carême. Chacun d’eux pourraient correspondre à un effort. Vous pourriez alors inviter votre famille à se concentrer sur un effort particulier par semaine, par exemple : chercher la paix, être patient, garder sa bonne humeur, être bon, aimer, prier… puis à colorier l’arc ensemble à la fin de la semaine d’efforts.

Les rendez-vous de notre école :

Chaque année, une association est choisie par l’école pour lui rétribuer les efforts collectifs dans les différents temps proposés par l’école et qui sont expliqués ci-dessous. L’association choisie cette année est « point cœur », une ONG internationale, présente dans 24 pays et qui intervient auprès des personnes les plus délaissées, tout spécialement les enfants.

Le 21 février, toute l’école assistera à une célébration en l’église Saint Claude pour l’entrée en carême (un peu anticipée à cause des vacances) où une croix en bois, fabriquée par un papa et qui ornera bientôt notre école, va être bénie.

Le 19 mars : l’association point cœur passera dans les classes pour expliquer leurs actions et choisir avec les élèves un projet d’aide pendant le temps du carême.

Le 9 avril aura lieu le cross du carême où les enfants de primaire seront invités à faire des tours de stade par groupe de 5 (un élève de chaque niveau de classe par groupe). Le nombre de tours est déterminé en fonction de leur âge. L’argent récolté sera reversé à l’association point cœur.

Le 10 avril aura lieu un repas dans l’école où les enfants qui le souhaitent, pourront manger un repas simple, à base de pain et de pommes et offrir la somme du repas qu’ils auraient normalement pris à la cantine, comme don à l’association point cœur.

 

Les prénoms de J., B. et S. ont été enlevés pour ne pas les gêner, merci à elles pour leur temps, leur gentillesse et leurs idées.

Merci aussi à Odile, Joséphine et Arnaud, Isaure, Stéphanie et Agnès pour leurs retours, leur confiance et/ou leurs précieuses corrections.

Passez de belles vacances d’hiver !

Emilie